Comment nous calmer quand nous réagissons par la fuite ?
Pour mieux comprendre les réactions de type fuite, voici un exemple que nous développons dans le livre, accompagnés de conseils pratiques:
Patrick est un excellent convive: il a toujours un sujet de conversation, une anecdote spirituelle, et sait mettre en valeur ses interlocuteurs. Serviable et agréable, Patrick est l'invité idéal. Pourtant, dans une soirée, s'il aime être entouré, mais n’aime pas faire de compromis. Il veut convaincre les autres de ses solutions et n’arrive pas à se plier aux leurs. Il peut être perfectionniste et parfois cassant, si quelqu’un risque de freiner un de ses projets.
Dans son travail, il est très exigeant. Ses responsables l’apprécient car il montre un sens élevé des responsabilités. Quand on lui confie une mission et qu’il y adhère, on est sûr qu’il la remplira. C’est quelqu’un de très fiable. En revanche, si le stress monte, il peut se montrer tatillon et peut devenir nerveux et désagréable.
Le crocodile anxieux est très sensible aux dangers potentiels, il a besoin de se rassurer sur ses capacités à les affronter. Pour nous calmer, plusieurs moyens sont à notre disposition.
- Première étape, comme pour la lutte, nous arrêter pour prendre conscience des sensations physiques. Elles sont révélatrices : ce nœud à l’estomac, cette fébrilité… Et l’envie de faire tout autre chose que ce qui serait utile pour traiter le problème : lire nos mails, faire notre courrier, discuter avec un collègue, téléphoner à un ami, etc. C’est un signal de notre crocodile. Au lieu de lui obéir, écoutons-le et prenons-le en compte : « Merci crocodile, j’ai compris, je suis inquiet. Il y a quelque chose qui ne correspond pas à mes besoins de sécurité, qui ne colle pas à la façon dont j’aime que les choses soient organisées, je vais m’en occuper et y remédier… ».
- Deuxième étape : identifier la cause de cette inquiétude. Qu’est-ce qui nous manque, nous freine, nous gêne ? Lorsque nous aurons répondu à ces questions, notre crocodile commencera à se sentir mieux. Le signal a été utile, nous commençons à traiter le problème, il peut relâcher un peu sa pression. Souvent il suffit de laisser notre intuition identifier tous les points et les risques sur lesquels être vigilants.
- Troisième étape : bouger, avancer. Pour les personnes qui ont beaucoup de réactions de fuite / mouvement, c’est indispensable. A contrario, l’impression d’être bloqué et de ne plus avoir d’options devient vite insupportable. Trouver un projet, une amélioration à mettre en œuvre, quels qu’ils soient, permettra de réduire pour un temps le stress du crocodile et de débloquer la situation.
- Nous remémorer nos compétences et nos expériences positives sur le sujet concerné : « Mes derniers changements de poste et d’activité se sont toujours très bien passés ; la dernière réunion que j’ai animée a cartonné… J’ai toujours bien géré mon argent, il n’y a pas de raison que j’aie un problème maintenant. » Prenons conscience de tout le chemin déjà parcouru, de tout ce que nous déjà avons acquis.
- Fractionner l’objectif qui nous semble inaccessible, en sous objectifs atteignables. Identifier des étapes intermédiaires, avec une certaine marge de manœuvre. Le crocodile anxieux a besoin de jalons qui le rassurent sur sa capacité à atteindre ses objectifs, mais il peut être démotivé si ces jalons lui paraissent des contraintes. Il a besoin d’un cadre mais également de beaucoup de liberté d’action à l’intérieur de ce cadre. Une « To-do-list », et beaucoup de liberté dans la façon de la réaliser.
- Identifier et consolider des points de repères familiers – la famille, les amis, un lieu de prédilection – et prendre conscience que le contact physique est très rassurant pour le crocodile en fuite : une minute d’affection de son partenaire, une main affectueuse sur l’épaule, le contact avec un animal…
- Faire confiance et exercer sciemment notre talent naturel : la recherche de solutions. La question qui permettra de lever beaucoup de doutes : « Concrètement, quel est le problème ? » Dès qu’il est posé « noir sur blanc », les idées jaillissent, la machine à produire des solutions se met à fonctionner à plein régime : il n’y a plus que l’embarras du choix !
Si vos réactions sont souvent de type « fuite », nous vous recommandons, quand vous vous sentez bien, de créer vos repères et de vous ménager des espaces de liberté : par exemple, ne pas rentrer directement chez vous mais faire un détour par un endroit que vous aimez ; pratiquer régulièrement une activité physique ou artistique qui vous plaise. Ce seront des points d’appui pour les moments d’anxiété.
Sauf situation grave, les crises d’angoisse du crocodile en fuite ne durent pas longtemps : elles peuvent être fréquentes, mais sont vite chassées par de nouveaux projets. Le seul risque : ne pas avoir la liberté de se mettre en mouvement.