vendredi 11 octobre 2013

La spirale de l'incompréhension


Voici un exemple pour illustrer la spirale d’incompréhension dans laquelle nous tombons fréquemment :


Julien est un architecte très doué pour se projeter dans l’avenir et cela l’aide à imaginer les bâtiments qu’il conçoit. Il est sympathique et serviable. En ce moment, cependant, il n’est pas heureux dans le cabinet qui l’emploie et qui ne correspond pas à son idéal. Il a du mal à se lever le matin. Marina, sa femme, lui reproche d’être devenu triste. Il finit par lui avouer que son travail ne lui convient plus : « C’est simple, tu n’as qu’à en parler à ton patron. Ou chercher un autre cabinet et démissionner », rétorque Marina. « Hum… », grommelle Julien.
Quinze jours plus tard, Marina lui demande ce qu’il a fait pour changer sa situation… « Tu sais, ce n’est pas si simple », répond Julien d’un air las. Et cela dure pendant des mois. Marina est de plus en plus agressive avec son mari. Elle est excédée par cette inertie et cette fatigue chronique, se sent coupable de ne pas pouvoir l’aider… Julien s’enferme dans son mutisme : à quoi sert de discuter avec elle puisque, de toute façon, elle ne comprend rien 


Leurs modes de fonctionnement sont très différents : Marina, quand elle est anxieuse, cherche des solutions, trouve toujours un projet à se mettre sous la dent, et se remet vite en selle… Cette méthode ne fonctionne pas pour Julien. Il a besoin aujourd’hui de retrouver un sens à son travail.
Marina, si elle souhaite calmer son mari, doit d’abord gérer sa propre réaction face à la situation : pour elle, ce qui marchera c’est de retrouver des points de repère rassurants et de renforcer son sentiment de sécurité. Tranquillisée, elle pourra ensuite agir sur Julien, parler avec lui de ce qu’il considère comme important et essayer de trouver ce qui peut l’aider à sortir de sa situation.
Pourtant c’est difficile : son réflexe instinctif consiste à monter au créneau et à secouer le cocotier. C’est souvent utile mais pas avec Julien, surtout quand il est dans cet état d’esprit ! Ça aurait plutôt tendance à le bloquer, elle en a conscience.
Dans ce genre de situations, Marina et Julien ne parlent plus la même langue, ils sont comme étrangers l’un à l’autre. Alors qu’ils s’aiment et vivent ensemble depuis des années, ils ne cessent de s’agacer mutuellement, de faire le contraire de ce qui serait efficace pour que leur relation redevienne harmonieuse…

Le problème ne réside pas dans les réflexes de défense que l’on a, ni dans les réactions qu’ils suscitent, mais dans l’inadaptation de la réaction par rapport à la situation présente.

La réaction peut être inadaptée dans sa nature ou dans son intensité :
  • Dans sa nature : nous nous battons alors qu’il aurait mieux valu chercher une solution ; nous essayons de trouver une solution alors qu’il vaudrait mieux réfléchir et prendre du recul, ou bien  nous réfléchissons alors qu’il vaudrait mieux agir. 
  • Dans son intensité : nous partons à fond dans l’argumentation alors qu’il vaudrait mieux proposer calmement une ou deux solutions ; nous nous refermons sur nous-mêmes alors qu’un peu d’écoute et de mise en perspective suffiraient ; nous cherchons à tout prix à imposer nos idées alors qu’il serait plus efficace de permettre aux autres de s’exprimer …
Nos réactions émotionnelles déclenchent chez nos interlocuteurs d’autres réactions émotionnelles qui renforcent à leur tour nos propres réactions émotionnelles… C’est une spirale infernale, un véritable cercle vicieux.
Les relations se dégradent d’autant plus que les deux interlocuteurs, très rapidement, ne parviennent plus à se comprendre : chacun se demandant comment l’autre peut agir ou s’exprimer de manière aussi aberrante.

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